Rue du Doyard, 77
Liberté d'être
La liberté la plus concrète est celle des choix de l’enfant dans ses journées. Chacun.e n’est pas obligé.e d’apprendre de façon formelle et dirigée. Je crois en le repos pour l’enfant qui en a besoin. Un.e enfant fatigué.e ou même dégoûté.e d’apprendre a le droit à une pause, un peu comme l’adulte qui arrête de travailler pour retrouver du sens. Les adultes sont généralement tellement pris.es par la société du “faire” qu’iels n'ont plus le temps pour “être”. Ainsi, iels en oublient leurs passions et donc le sens de leur vie. Je crois que l’enfant a des besoins de jeux, de créations, d’ennuis même, utiles à son bon développement. Enfant, je me revois prise d’envie de jeux mais, avec 5 activités après l’école, je n’avais pas le temps. Aujourd’hui je supprime ces directives de moments obligatoires imposés aux enfants. Laissons-les être maitre.sse de leur temps, tout en leur offrant un environnement de loisirs et d’apprentissages. Pour moi, tout est lié, la vie étant simplement le plus grand apprentissage de base.
Je crois aussi en la guidance plus matérielle pour que l’enfant puisse avoir accès à l’acte même de choisir. Pour moi, un enfant a besoin de tester ou de voir de nouvelles activités pour savoir si iel a envie d’aller plus loin dans l’apprentissage. Ainsi, le devoir d’un.e enseignant.e pour moi est de vouloir montrer le monde à l’enfant sans l’enfermer dans une cage. J’aime parler de tout ce que je connais ou tout ce que je découvre à mes enfants pour savoir ce qu’iels aiment. Mais je n’aime pas penser que chacun.e a une seule passion ou une seule intelligence. Je pense que chacun.e peut découvrir tout ce qu’iel souhaite à des moments différents, à son rythme d’écoute de ce qu’iel voit et entend autour. Aucune étiquette ne doit être collée sur personne. Tout le monde bouge dans ses croyances, ses visions du monde ou ses actes.
La liberté n’est pas totale non plus, mais cela vaut également pour les adultes. En effet, une vie en communauté demande des lois ou des règles communes. A Coupécole, tout le monde se doit de respecter le bien-être des autres.
Des règles de vie sont aussi discutées durant les moments de réunions, deux fois par semaine. Les règles de sécurité font partie de ce processus. Par exemple, le fait de prévenir et d’être accompagné.e lorsque les enfants souhaitent sortir du terrain de la maison ; ne jamais aller du côté de la grand route ou encore porter un casque lorsque les enfants utilisent un vélo, une trottinette ou autre… Les peurs, les questionnements, les divergences, les propositions sont des sujets de discussion durant les réunions.
Exemple d’une règle votée à Coupécole :
“Chaque enfant a le droit de sortir des limites de la maison de Coupécole à deux conditions : en prévenant un.e adulte et en étant accompagné.e soit d’un.e adulte soit d’un.e enfant plus grand.e qu’iel connait et en qui iel a confiance.”
La liberté de l'enfant se représente aussi par les actes de l'adulte. En effet, l’adulte présent.e à Coupécole ne jugera jamais une activité choisie par un enfant et le.la laissera tranquille quoi qu’il arrive. L’enfant ici, décide. Iel peut jouer des mois au même jeu, lire le même livre, chanter la même chanson. Quoi qu’il arrive, cela est considéré pour moi comme une source d’apprentissages.
A Sudbery Valley, Daniel Greenberg qui y travaillait explique qu’un enfant y a pêché pendant 5 années consécutives. Son père s’inquiétait de l’apprentissage réel pour son fils chaque année. D. Greenberg le rassurait en expliquant que celui-ci apprenait surtout “à s’accrocher à un sujet et ne pas le lâcher”, à l’approfondir aussi. L’enfant connaissait mieux la pêche et les poissons que quiconque. Ensuite, ce jeune a eu la même persévérance au niveau de l’informatique, a fait des études et a monté son entreprise. J’adore cet exemple qui m’a ouvert les yeux sur ce que je ne soupçonnais pas et aussi parce qu’il y en a tant d’autres !
Les écoles libres comme Sudbury Valley ou Summerhill, ayant un recul de plus ou moins un siècle ont démontré que les enfants qui décident sont, d’abord, heureux.ses mais aussi instruit.es, chacun.e à sa façon et avec ses propres anecdotes. Peu importe ce que l’enfant choisit, iel évolue, c’est la croyance que Coupécole ne lâchera d’aucune façon.